Voici quelques extraits d'une Interview d'Arnaud Desjardins réalisées par la télévision communautaire de Montréal.
Pour lire l'interview en entier, cliquez sur le lien suivant qui est le site de la revue 3ème Millénaire :
http://www.revue3emillenaire.com/blog/?p=385
"Vous êtes considéré comme un éveillé. J’aimerais que vous nous disiez ce que c’est que l’éveil, et que vous nous parliez de l’état dans lequel vous êtes en permanence.
Je trouve qu’« éveillé » est un bien grand mot, tout comme les mots « libéré » ou « illumination », etc. J’aime mieux employer des mots plus simples. Il y en a un qui a beaucoup de sens pour moi, c’est le mot « guéri ».
[...]
Cet état dans lequel vous êtes semble être un état où vous ne cherchez plus. Avez-vous quand même certaines questions sur le sens du monde et des choses? ou même sur l’état dans lequel vous vivez?
Pas vraiment. Mais ne l’entendez pas comme une perte d’intérêt pour l’existence. Au contraire. Si vous saviez combien j’ai posé de questions à des maîtres tibétains, à des maîtres hindous! Maintenant, je ne sens plus la nécessité de poser des questions. Par contre, ce qui est certain aussi, c’est qu’il y a un intérêt beaucoup plus grand pour tous les aspects, disons, ordinaires de l’existence. Autrefois, il me semblait que ce qui était important, c’était les minutes exceptionnelles ou de rencontrer des gens particulièrement intéressants. Et maintenant, sans aucun doute, je peux témoigner du fait que toute l’existence, même au niveau le plus ordinaire, si j’ose employer ce mot, a une richesse qu’elle n’avait pas autrefois.
Donc, le fait de ne plus avoir de doutes ou de questions à poser n’est pas du tout ressenti comme une diminution de l’intensité de la vie. Bien sûr, quand je dis que je n’ai plus de questions à poser, il y a naturellement des milliers de choses que j’ignore et, si j’ai l’occasion de m’informer de n’importe quel thème, c’est toujours avec intérêt et avec curiosité. Mais ce n’est plus vital de poser des questions.
[...]
En vous écoutant, il y a une question qui surgit. On sent que vous avez trouvé une paix. C’est ce que nous cherchons tous. Alors, quel serait le conseil que vous donneriez à quelqu’un qui serait sur le point de commencer une démarche comme celle que vous avez entreprise il y a plusieurs années, à ceux qui ne veulent pas se perdre ou à ceux qui ne veulent pas faire le tour de toutes les vitrines du matérialisme spirituel qui abonde aujourd’hui?
Le conseil que je donnerais, c’est de trouver quelqu’un qui puisse le guider et ne pas compter uniquement sur ses dons, même si on en a, sur son intuition et sur ses lectures. S’engager, si possible, dans une voie qui a fait ses preuves, par exemple le bouddhisme tibétain, ou le bouddhisme zen, ou telle ou telle autre voie. Savoir qui a été le maître de celui auprès de qui on veut s’engager. Poser des questions sur la formation qu’il a reçue. De quelle tradition se réclame l’enseignant qui nous intéresse? Des réponses claires à ces questions offrent quand même certaines garanties. Ensuite, il faut faire confiance à quelqu’un et, comme on le dit, il faut suivre une voie particulière, avec une méthode. La dispersion ne nous permettra jamais de toucher un niveau suffisamment profond en nous. Maintenant, à quelqu’un qui me dirait: « Mais qu’est-ce qu’il faut faire pour aller vers la paix? », la réponse est très évidente. Pour trouver la paix, il faut cesser d’être en conflit, donc regarder où, dans quel domaine, extérieurement et avec quel aspect de moi-même est-ce que je suis en conflit. Nous ne nous rendons pas toujours compte que tout en aspirant à la paix, nous fabriquons nous-même le conflit en vivant dans le refus, le non à ce qui est, les tensions. On ne peut pas trouver la paix sans faire la paix. C’est évident!
[...]
On parle de spiritualité orientale, mais dans les pays où la tradition chrétienne reste très forte, il est permis de se demander ce qu’un catholique, qui veut rester avec l’Évangile, peut avoir à sa disposition pour approfondir sa spiritualité. Est-ce qu’il doit nécessairement se tourner, comme vous, vers l’Orient?
Cela peut aider pour retrouver l’idée essentielle d’une spiritualité vivante. Vivante! Mais un théologien, un prêtre vous répondrait que le catholique a les sacrements. Moi, je vous dirais, c’est ma conviction, qu’il a l’enseignement donné par le Christ, dans les Évangiles. Je dirais le Christ en tant que maître spirituel, ou même pour employer un mot aussi à la mode, en tant que « gourou ». Je ne parle même pas là de la théologie de la mort, de la résurrection et de la rédemption. Si on redécouvre les Évangiles, peut-être en ayant fait le détour par un maître hindou ou tibétain, la méditation, l’intériorisation, plus de lucidité, plus de conscience, plus de vigilance, les paroles du Christ dans les Évangiles prennent un sens tellement plus riche, plus motivant, plus passionnant et plus moderne que ce que nous avons découvert autrefois au catéchisme ou dans nos éducations religieuses respectives. C’est un peu ce dont j’ai voulu témoigner dans le livre En relisant les Évangiles."
Source : http://www.revue3emillenaire.com/blog/?p=385
Source photo : http://olivier.roller.free.fr/desjardinsarn2.jpg
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