"Il importe de faire l'expérience de la vie non seulement dans sa plénitude sensorielle, dans sa forme, mais aussi en tant qu'unité universelle, et ce dans les plus petits détails. En ne faisant plus qu'un avec un objet, nous avons la possibilité du même coup de faire l'expérience de notre intégration dans l'autre dimension.
Je m'en suis aperçu encore récemment en faisant du thé.
J'ai remarqué que je cognais systématiquement le couvercle contre la bouilloire. Pourquoi ne le mettais-je pas directement dessus ? Et il me vint alors la pensée que sur les vingt-cinq ou trente mouvements nécessaires pour faire le thé, j'en faisais tout au plus cinq sans erreur. Il est incroyable de voir combien il est rare et difficile de manier correctement une chose. En nous habillant, en nous coiffant, en rangeant une chambre, nous faisons sans cesse de petites erreurs qui ne sont pas graves mais rendent tout imprécis. Je ne parle de cela que pour ajouter que quand nous sommes capables de manier une chose sans aucunes erreur, quelque chose de merveilleux devient perceptible dans l'atmosphère. Cela vaut pour toutes les tâches quotidiennes.
L'exercice personnel principal de mon maître au Japon était son rasage quotidien. On apprend dans ce pays que l'exercice ne commence que quand on domine une technique donnée. Car alors seulement la perfection devient possible, et permet à l'homme dans son intégralité d'accomplir une tâche et de faire l'expérience de son contenu de signification."
Karlfried Graf Dürckheim
Source image : http://www.centre-durckheim.com/v2/voie.html
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